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Maquette Fort de Feyzin

Publié le par Oxymore

J'ai reçu de Dominique BAILLY le message suivant :

"J'ai pu découvrir dans l'exposition consacrée aux fortifications de Lyon, Avenue Berthelot (ancienne Ecole de Santé), une maquette du Fort de Feyzin, dont j'ai pris quelques photos. Elle a l'avantage de nous permettre de mieux imaginer l'aspect général du fort tel qu'il devait être autrefois, avant qu'il ne soit petit à petit recouvert par la végétation. En recherchant sur Internet, j'ai trouvé un site où la personne qui l'a construite y fait figurer les différentes étapes de sa fabrication. Il y avait aussi un panneau expliquant la topographie type d'un fort, et sur lequel figurait une vue aérienne de celui de Feyzin. On voit tout de suite moins bien la structure de l'édifice envahi par la végétation, un peu comme les cités précolombiennes en Amérique du Sud, sur une toute autre échelle il est vrai."

 

 

 

Merci à Dominique pour cette information (et pour ses photos)!

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Les joutes à Feyzin

Publié le par Oxymore

J'avais déjà écrit dans ce blog un article sur les joutes de Feyzin (voir 28 janvier 2009 "La gravière"). Aujourd'hui, je laisse la place à Georges Sublet qui nous raconte dans Le Potin n° 15 le Feyzin des années vingt ("La batteuse et les vendanges")

Les joutes

A la Givordine? A la Lyonnaise?

Je ne me suis jamais senti concerné par la différence.

Comme mon village se situait à égale distance de ces deux villes, vous comprendrez qu'il m'était difficile d'avoir une préférence. L'importance pour moi c'était "la fête".

Les Sudistes venaient des Roches de Condrieu, de Vienne, de Loire, de Grigny, de Ternay-Flévieu, de Chasse-sur-Rhône, de Givors-Canal et de Vernaison. Les Nordistes venaient du côté de la France, de derrière les vorgines, de la Mûle, d'Oullins, de Saint-Fons la Darse, d'Irigny d'en face. Vous excuserez le petit Dauphinois que j'étais d'avoir eu une préférence pour la cause Sud.

C'était le début de la "Saison Blonde" qui marquait le départ du jeu millénaire de la lutte pacifique des hommes qui sont obligés de prouver toujours aux solstices d'été pour "après" et pour pouvoir "donner".

Les joutes commençaient tôt un dimanche matin du début juillet. Les sauveteurs et leurs cliques donnaient le départ de ces jeux comme les Grecs donnaient d'autres façons le départ d'autres jeux démocratiques pour ceux qui avaient envie d'y aller ou qui avaient un devoir à remplir envers Dieu. C'était mon cas, j'étais enfant de choeur... et j'avais horreur des fricassées de vorgines.

Les cloches de la fin de la messe annonçaient le terminus de la fête de Dieu et le départ de la fête des hommes. Il faut reconnaître que cette dernière était plus marrante à musique.

Devant, tout blancs des pieds à la tête sauf la casquette, les gladiateurs du "tabagnon" traversaient la place des Razes au pas cadencé et tête haute pour rejoindre leur arène aqualine, "la Gravière", sans détourner les yeux vers la vogue qui occupait la place nord, toute bariolée de pousse-pousse, chevaux de bois et orgue de Barbarie, sucre d'orge et java. La place sud où se déroulaient les jeux du "tir à l'oie" avec d'autres gladiateurs.

Le tir à l'oie? Vous savez, ce jeu qui consiste à pendre par les pattes à une corde de charrette tendue entre deux platanes une oie, après lui avoir coupé le cou et recousu ce dernier avec de la "ficelle de cochon", et à qui sur un cheval au galop on devait arracher la tête recousue, ce qui vous donnait le droit d'emporter la ci-devante (si vous aviez réussi à rester sur le cheval, ce qui n'était pas évident du tout).

Pour en revenir à nos vedettes du tabagnon, ils continuaient à descendre l'allée des platanes, toujours avec la même fière allure, suivis par la foule. "La foule", cette autre grande vedette des joutes des années vingt. "La foule" qui déferlait vers la gravière par milliers avec tous les moyens de locomotion de ce temps-là, avec leurs infinies variétés. Ca allait des rares autos et motos, en passant par les carioles à ânes, les chars à bancs, les charrettes, les vélocipèdes, et bien sûr à pieds : tout cela dans un hétéroclite pêle-mêle.

Nos voisins du canton, presque tous terriens et de ce fait plus matinaux arrivaient les premiers avec leurs chars à bancs sur lesquels se mélangeaient les casquettes des hommes, les bérets des gamins, les chapeaux fleuris des femmes, très grands avec cerises et toutes les fleurs du jardin. Dans le caisson avant du char à bancs, était entreposé le poulet du dimanche ainsi que le saucisson et la boisson pour une journée qui serait très longue.

Nos voisins du nord, tous citadins ou presque, étaient accoutrés différemment. Canotiers, casquettes à carreaux, chemise blanche du dimanche pour les hommes, robes charleston et coiffure à la garçonne pour les femmes, pour le transport c'était plutôt autos, vélos, motos.

(photo Pierre Verrier)

Ils avaient ce rien de condescendance que les gens de la ville ont toujours eu pour ceux de la campagne. Je n'ai jamais compris pourquoi.

Je ne sais si c'était le tambour du Tonin qui rythmait la "barquette", la chaleur humide des bords de l'eau ou la longue procession avec le contraste de ces moyens de locomotion, mais les joutes des années vingt me laissent encore comme un regret des poésies perdues.
Allez savoir pourquoi? L'enfance...

Lou gâ tounin ou se po bian tenu

Ou le tombo dans l'aigue

Lou gâ tounin ou se po bian tenu

Ou le tombo sur cu.

(Le gars Tonin il ne s'est pas bien tenu

Il est tombé dans l'eau

Le gars Tonin il ne s'est pas bien tenu

Il est tombé sur cul.)

Georges SUBLET

Article paru dans un bulletin municipal (n° 4) dans les années 1980

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