Feyzin, décennie 1960-1970

Publié le par Oxymore

Avant le grand chantier dont nous avons parlé dernièrement, Feyzin était une commune majoritairement agricole de 2500 habitants. Deux grands quartiers se distinguaient, les Razes à Feyzin le bas et La Bégude à Feyzin le haut. Entre les deux quartiers, à l’intérieur de la commune, une seule voie principale de communication routière existait, la rue de la Gare, devenue ensuite la rue du Dauphiné. A pieds, on grimpait par la côte, les écoles étaient situées sur le plateau où se trouvait l’église. La mairie se trouvait près des écoles, ainsi qu’une salle des fêtes derrière la mairie (on y pratiquait du judo et du karaté). La plupart des « grandes » rues n’avaient pas de trottoirs, et les jours de fortes pluies, l’eau franchissait les rues (notamment la rue des Razes). Les rues étaient peu éclairées, la nuit.

         Vers 1960, vue générale ; on aperçoit en haut à droite le début de l'allée des platanes (photo Cellard, Bron)

A partir de 1960-62, Feyzin va changer de visage. Toute la plaine est en chantier, la raffinerie s’édifie, l’autoroute avance, le canal de fuite est creusé. La municipalité de Marcel Ramilier s’engage parfois difficilement dans la mutation de Feyzin. Ce sont les quartiers du bas qui commencent à changer. Il faut que les bâtisseurs (ouvriers, techniciens, cadres) soient logés. De 1962 à 1964, on construit les Verchères (immeubles de la Grande Serve), les villas C.N.R. près de la voie ferrée, l’immeuble Sublet sur la place des Razes, et, pour les enfants à scolariser, on construit le groupe scolaire des Razes, si près de la zone industrielle. Puis Feyzin, commune sportive, a besoin d’un complexe sportif : c’est le stade municipal, avec terrain d’honneur pour le football et terrain d’entraînement, piste d’athlétisme, terrains de basket, et éclairage ; une piscine complète l’ensemble.

Au premier plan, l'autoroute, le groupe scolaire des Razes, la piscine et le stade Jean Bouin (photo Combier, Mâcon)

 La passerelle au dessus de la voie ferrée disparaîtra, remplacée si l’on peut dire par le pont routier (actuelle avenue de Barton). De nombreuses entreprises de sous-traitance (mécanique, chaudronnerie, électricité…) s’installent un peu partout au Razes. La municipalité met un peu d’ordre en proposant un plan d’urbanisme. Le quartier des Géraniums voit le jour. A partir de 1965, le réseau d’assainissement, le collecteur d’eaux pluviales, l’électrification et  l’aménagement  des rues (trottoirs), l’embellissement de la place des Razes (devenue place Claudius Béry),  la construction de la salle omnisports, tous ces chantiers sont lancés par la municipalité. Les immeubles du Vercors sont édifiés. Dans Feyzin le haut, on construit le Centre social dans le quartier des Maures ; on construit un Hôtel des Postes, on achète le beau site de la Mésangère pour en faire la nouvelle mairie.

 

 


                        La nouvelle poste, la nouvelle mairie, le beau parc de la Mésangère (photo Cellard, Bron)

Le quartier du Bandonnier fait suite aux villas individuelles qui se construisent le long de la « Nationale », devenue plus calme suite au désengorgement de la circulation grâce à l’autoroute. On crée le groupe scolaire des Géraniums (celui de la Tour ayant été créé auparavant). Dans Feyzin le bas, ELF et Rhône-Poulenc se partagent alors la zone industrielle (disparition de la poterie).

En un peu plus de 10 ans, le budget municipal a été multiplié par 12 ! My refinery is rich !... On compte 5600 habitants en 1968.

                                                                La belle piscine de Feyzin (photo Cellard, Bron)

L’article du bulletin municipal de 1972, « Feyzin hier à aujourd’hui », dont s’inspire ce texte, offre aux lecteurs une nouvelle poésie : « Notre cité est devenue (…) une ruche bourdonnante d’activité. Quand le soir survient après une de ces belles journées printanières que nous connaissons, le décor de la vallée change, elle s’illumine de milliers de lumières, des puissants projecteurs du triage Sibelin en service depuis fin 1970, aux pinceaux lumineux des phares à iode des voitures sur l’autoroute, symphonie de lumière donnant à la nuit cette clarté particulière, dans les eaux du canal se mirent les mille reflets de cette activité nocturne des hommes , activité qui se poursuit dans un bruit de fond, caractéristique des grandes concentrations industrielles et routières. »

Vue générale, la raffinerie, avec 8 cheminées (photo Combier, Mâcon)
 

Après 1960, les habitants de Feyzin ont vu leur commune se métamorphoser. En plus d’une nouvelle poésie, on leur a offert la mocheté industrielle, la raréfaction des oiseaux, papillons et autres animaux,  la pollution (odeurs, bruit, pollution de l’eau), fumées noirâtres, d’immenses cheminées, torchères, cuves, alignements de wagons, et, cerise sur le gâteau, le première grande catastrophe technologique en 1966 !

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