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Le "bio"

Publié le par Oxymore

De nos jours, le « bio » a une place de plus en plus importante dans notre vie de tous les jours. L’agriculture biologique s’est développée au gré d’une demande croissante, avec des consommateurs de plus en plus attentifs à ce qu’ils mangent. De nombreux livres, revues, sites internet sont maintenant spécialisés pour nous informer sur la nécessité de mieux nous alimenter, avec essentiellement le refus des pesticides dans l’agriculture : menaces sur la santé de l’homme (infertilité pour les femmes, leucémies, maladies de Parkinson, cancers…), pollution des rivières (100 % des rivières testées en France), disparition des abeilles (près de 500 000 colonies en 5 ans en France)…

Le "bio"

On veut privilégier aussi le « local », pour limiter les « kilomètres alimentaires ». Et puis, on a aujourd’hui des légumes et des fruits presque toute l’année.

Le "bio"

Mais, pour repréciser les choses, revoyons ci-dessous les principales productions selon les saisons :

Le "bio"

Oui, mais bon, autrefois on ne parlait pas du « bio », car tout était bio. Quand on cultivait, on utilisait des engrais naturels. Mon père, par exemple, utilisait du fumier pour son jardin. Tout avait du goût. Nous avions des légumes et des fruits nourrissants et délicieux. Et Feyzin était bien doté, car c’était encore dans les années 1960 une commune agricole, avec des nombreuses fermes (nous en parlerons ultérieurement), avec de nombreux agriculteurs (il en reste heureusement quelques-uns).

Ma grand-mère possédait un terrain agricole, qui se trouvait après le lotissement Famina (qui n’existait pas alors) en direction de Solaize, et à la limite de cette commune. Il y avait des arbres fruitiers, et c’est mon père qui faisait pousser avec ardeur et amour de nombreux légumes (il faisait cela en plus du jardin que nous avions à la maison familiale aux Razes, c’était un jardin potager en plus petit).  A cette époque, les saisons nous apportaient vraiment les légumes et fruits qu’elles favorisaient. Je me souviens qu’en juin on cueillait les cerises et en juillet-août les abricots.  Et puis il y avait la vigne ! (d’ailleurs, nous appelions ce terrain agricole « la vigne » ou « la terre ») Une vigne immense qui donnait des hectolitres (mais je ne sais plus combien) de bon vin feyzinois…

Ah, les vendanges ! Pour l’enfant que j’étais, c’était une véritable fête. Les vendanges se faisaient avec un regroupement de paysans feyzinois (et là aussi, je ne me souviens pas desquels…). Il y avait dès septembre tout un cérémonial de préparation. Je demandais toujours à mon père à quelle date les vendanges se feraient, à se demander si les adultes consultaient les oracles pour connaître la date la plus favorable… Et puis le beau jour arrivait enfin, un samedi en général, où tout le monde était mobilisé pour la cueillette (et le tri) du beau raisin (noir et blanc). Les tracteurs, les bennes, les baquets en bois (sortes de demi-tonneaux), tout cela allait bon train et on se ménageait peu de pauses.

Votre serviteur, en 1959, avec le tracteur, et devant les "baquets" de raisin
Votre serviteur, en 1959, avec le tracteur, et devant les "baquets" de raisin

Votre serviteur, en 1959, avec le tracteur, et devant les "baquets" de raisin

Et puis il y avait l’après, la mise en pressoir qui était aussi la cuve, et bien sûr le grand repas une fois que tout était terminé (beaucoup de travail à la maison !). Et c’était en général juste avant la rentrée des classes, qui était fixée au 1er octobre !

Et tout cela était bel et bon.

« Mais ils sont arrivés » (*), les engrais chimiques, les pesticides, les OGM et consorts…

(*) Jacques Brel, Les Singes

Le "bio"
Le "bio"
Le "bio"

Tout autre chose, je vous avais écrit prédemment que Dominique m'avait envoyé ses dernières trouvailles, des en-têtes professionnels de Feyzin. Je vous les livre ci-dessous :

Le "bio"
Le "bio"
Le "bio"
Le "bio"
Le "bio"
Le "bio"
Le "bio"
Le "bio"
Le "bio"
1972

1972

1974

1974

Ces petits documents sont des témoins d'un passé révolu, d'artisans et de commerçants de Feyzin, dans les années 1960-1970.
Remerciements à Dominique Bailly pour ces envois.

Voir aussi sur le même thème articles publiés dans ce blog les 17 août 2009 et 7 avril 2022

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Anecdotes révolutionnaires

Publié le par Oxymore

Dominique, spécialiste de l'histoire de Feyzin, m'a envoyé un curieux et amusant document sur ce qui se passait durant les premières années de la Révolution ; Dominique m'écrit que "ces anecdotes révolutionnaires nous font connaître quelques bribes de l'ambiance qui devait régner à l'époque dans le village de Feyzin autour des questions de religion..."

Une prêtresse feyzinoise !?!

Il semblerait qu’une « émule » de la papesse Jeanne ait officié en terre  « fézinoise »  lors de la période révolutionnaire. L’« affaire » monta d’ailleurs jusqu’à la capitale et fut rapportée par le courrier des 133 départements dans son numéro 19 du vendredi 4 avril 1792.

 L’article, rédigé par le citoyen Antoine J. Gorsas, de Paris, nous éclaire sur cette histoire bien singulière :

« Et les réfractaires ont aussi leurs vieilles Sybille (1) ! Une de ces anti-vestales (2) tient son magasin de reliques dans le village de Fézin, qu’on peut appeler l’antre de Trophonius (3). Elle dessert une petite chapelle, dont un réfractaire acquitte le loyer. Il lui a fait présent d’un petit bon Dieu, de chandeliers, de burettes et même d’un calice. Le saint homme lui a dit qu’il valoit beaucoup mieux pour son salut qu’elle chantât l’office elle-même, que d’entendre la messe d’un intrus, que toutes les fois qu’il le pourroit, il iroit la consoler et la prémunir contre les embuches du démon, que sous peu elle seroit récompensée sur terre de son zèle, et que le saint esprit viendroit la visiter de tems en tems. L’honneur de recevoir la visite du Paraclet (4) a fait une telle impression sur la bonne femme, qu’elle met tout en usage pour les mériter. Elle espère redevenir vierge à la première visite spirituelle. On la voit dire la messe tous les jours, et rendre des oracles. Elle a déjà prédit un grand événement qui doit amener la ruine des profanes et réduire en cendres un des plus beaux royaumes de l’univers ».

Deux candidats peuvent postuler pour le rôle du réfractaire si l’on se réfère à l’ouvrage «La persécution religieuse dans le département de l’Isère » d ‘A. M. de Franclieu, 1905 : Guichardot, curé &  M. Fiard, vicaire.

Le mieux placé étant le sieur Pierre-Marie Guichardot, curé réfractaire de Feyzin, accusé d’avoir fait des prêches séditieux. Faits rapportés dans le journal patriotique de Grenoble du 26 avril 1791, soit une année avant l’affaire de la prêtresse :

Vienne « On me mande depuis cette ville que le sieur Guichardot, curé de Feyzin, canton de Saint-Priest, annonça publiquement à son prône du dimanche 27 mars dernier (1791), qu’il alloit lire l’instruction de l’Assemblée nationale, décrétée le 21 janvier 1791, acceptée par le roi le 26 du même mois, sur la constitution civile du clergé, et cependant qu’il feroit des réflexions pour en détruire l’effet. Au lieu de faire lecture de cette instruction, comme il l’avoit promis, il lut un ouvrage pour la réfuter ; et s’adressant à ses paroissiens assemblés : « Voyez, leur disoit-il, les faussetés et les mensonges de l’Assemblée nationale : elle veut vous induire en erreur, vous conduire au schisme ; les évêques, les curés qui seront élus par le peuple, et généralement tous les prêtres qui suivront le décret de l’Assemblée nationale, ne pourront faire ni baptème, ni mariage, ni administrer un sacrement ; ils seront tous schismatiques et damnés. Ce décret est contraire à la religion ; l’Assemblée nationale vous abuse, elle cherche à vous faire perdre la religion, etc. ». Vainement le maire de Feyzin (Jean Rivière) invita le curé à lire le décret qu’il lui avoit confié : il persista au discours et à la lecture qu’il avoit entrepris. Le 27 septembre précédent (1790), le même curé, dans son prône avoit cherché à détourner les gardes nationales de Feyzin, d’assister à un service qui devoit se faire en la paroisse de Corbas, pour leurs frères d’armes tués à Nancy, en leur disant, « qu’ils alloient prier pour des étrangers dont la plupart étoit à damner ou peut-être damnés, etc. ». Sur la dénonciation de ces prédications séditieuses à l’accusateur public, plainte, information composée de 25 témoins, ledit Guichardot a été décrété de prise-de-corps par le tribunal du district de Vienne, le cinq du présent mois d’avril (1791). Le procès à l’extraordinaire, qui en sera la suite, pourra servir de frein aux prédicateurs séditieux qui voudroient imiter le curé de Feyzin. »

Après diverses vicissitudes, nous retrouverons messire Guichardot curé à Thizy en 1806, suite au rétablissement du culte catholique par Napoléon.

Le second candidat est le vicaire Fiard, qui lui avait succédé jusqu’en mai 1791.

Quant à l’intrus venu dire la messe, là aussi deux candidats :

Louis Mary, curé provisoire de Feyzin à partir de juin 1791, décéda en septembre 1791 âgé de 25 ans. Il fut inhumé dans le cimetière de Feyzin.

Joseph Batty, vicaire à Feyzin à partir de juin 1791, se retrouva le seul desservant de la paroisse suite au décès du curé provisoire. C’est lui qui remit au maire les registres paroissiaux  en décembre 1792. En 1794, il ne célébrait plus le culte et se retrouvait qualifié de citoyen cultivateur. En janvier 1795, il officia comme secrétaire greffier d’un procès verbal d’assemblée de la communauté de Feyzin. Il était apprécié pour son zèle : « Ex curé de Soleyse, résidant à Feyzin, bien connu pour son civisme et sa soumission aux lois, félicité pour sa conduite par la municipalité lors de la perquisition de la sacristie le 21 février 1794 ». Il semble disparaître du paysage feyzinois début 1796.

Par contre, aucune piste sur l’identité de la prêtresse ni sur la localisation de sa chapelle…

Notes :

  1. Sybille : prophétesse qui fait œuvre de divination
  2. vestale : prêtresse & femme très chaste
  3. célèbre oracle qui officiait dans une grotte
  4. en théologie, nom donné au saint esprit

Je remercie Dominique, qui m'a aussi envoyé ses dernières trouvailles, à savoir de en-têtes professionnels de commerçants et artisans feyzinois d'autrefois, dont je parlerai prochainement...

Anecdotes révolutionnaires

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