La batteuse et les vendanges

Publié le par Oxymore

Voici ci-dessous et en guise d'introduction à une série à venir l’intégralité de l’article de Georges SUBLET, paru dans « Le Potin » n° 4

FEYZIN DES ANNEES ‘VINGT’

« La batteuse et les vendanges »

La Rue Thomas

On té que te vé !?

Où vas-tu !?

D’on té que te vins !?

D’où viens-tu !?

Des expressions sonores et patoises, qui sont aussi des Bonjours et des Adieux, ma rue les a entendus très souvent…

Quant à cette dernière, elle vient de l’Est et finit vers l’Ouest, là-bas dans les lônes et les vorgines près du Rhône. Elle doit paraît-il son nom à un prince de Savoie : « Thomas je ne sais qui ».
Il y a également une autre explication ; un thomas était un récipient en faïence utilisé la nuit pour éliminer les excès de boissons de la journée, d’où son nom de « Pot de chambre ».

Un sol d’argile, une rigole empierrée, je ne sais s’il fallait l’appeler Torrent ou Thomas, Torrent quand les grands orages d’août lui donnaient un aspect de Rhône violent et rapide, Thomas quand les chevaux, les vaches, les chèvres ainsi que leurs bipèdes de Maître utilisaient cette rigole centrale.

Pollution !!! me-direz-vous ? Que non ! Les crues et les décrues du Rhône qui lavaient ma rue plusieurs fois pas an et le torrent qui la relavait du levant et couchant devaient probablement rétablir l’équilibre bien sûr avec l’aide du soleil qui empruntait le même trajet.

Les plus anciennes et anciens Feyzinois encore vivants sont nés dans cette rue, demande-leur. Une demi-douzaine de champions de France et même d’Europe sont nés également dans cette rue, renseigne-toi.

Voyageur, toi qui viens de l’Est ou de l’Ouest, du Nord ou du Sud, toi qui a cherché et trouvé une identité et planté tes racines dans le limon de mon Fleuve, permets-moi de te parler de la batteuse et des vendanges des vorgines et des fagots, des brochets, des carpes et des tunards, des canardières et des canards, et si tu as la patience de me lire, je te parlerai de la vie extraordinaire de ma rue, du zeb, de caisson, de clapaud et des autres, de leur humour, de leur gaîté. Je te parlerai des migrations gitanes avec leur carrioles et leurs paniers d’osier, qui croisaient sur le chemin de halage les chevaux qui remontaient les péniches de la Maison Blanche à la Darse de Saint-Fons.

« On té !? D’on té que te vins

E vé bian com ichan, ne van resto per itii magnaud

Alo vins berre on coup et vins migi la sope »

(Où vas-tu ? D’où viens-tu ? Je suis bien comme ça, vais rester par ici, alors viens boire un coup et manger la soupe )

 

A suivre…

Vue ancienne de l'impasse du Thomas (fournie par Dominique Bailly) 

Georges Sublet évoque ci-dessus le Rhône et son florilège, ce qui me permet ici de saluer Bernard Clavel qui nous a quittés récemment. L’écrivain, né à Lons-le-Saulnier, s'était  installé à Vernaison,  et avait écrit entre autres « Pirates du Rhône », un beau récit sur une famille de « pirates » qui voit arriver l’industrialisation sur son territoire.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article