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Feyzin le bas

Publié le par Oxymore

En ce 18 juin, parlons d'histoire...

Un correspondant feyzinois, très "branché" sur le passé de Feyzin (ce qui est rare aujourd'hui...) m'envoie régulièrement des documents très intéressants sur le Feyzin d'autrefois. J'en diffuse quelques-uns ici.

Feyzin le bas

Feyzin le bas : la photo est prise de l'actuelle rue du 11 Novembre 1918 ; parallèlement, se trouve la rue Hector- Berlioz ; le champ au premier plan est de nos jours la résidence "Le Mozart" ; on aperçoit au niveau de la voie ferrée cette drôle de construction à un étage de la SNCF (pour le triage?)

Feyzin le bas

Sensiblement au même endroit, mais avec le Rhône qui s'est invité lors d'une crue, dans les années 1930.

Feyzin le bas

Encore une inondation ; on dirait qu'il s'agit d'un cliché pris de l'allée du Rhône (allée des Platanes) ; nous n'avons pas la date.

Feyzin le bas

Et puisque nous parlons du Rhône, le voici en 1914 ; photo prise du côté d'Irigny ; on aperçoit l'usine Planchon à droite.

Clichés transmis par C.L. - Droits réservés

Peut-être qu'en lisant ce blog, vous avez l'impression que je fais dans la nostalgie du passé. Je le redis, ce blog veut être le modeste témoin de ce qui a été. La commune de Feyzin a changé (ô combien !), il me paraît important que les lecteurs, s'ils sont originaires de Feyzin (ou des environs), retrouvent ces images qui leur appartiennent. Pour les nouveaux, ils peuvent voir ce qui a été et mesurer l'intensité des changements. Et puis il y a l'anecdotique (quelques histoires par ci, par là)  et l'événementiel (la catastrophe de Feyzin, par exemple), tout cela est essentiel pour comprendre notre monde d'aujourd'hui.

Pour étayer ce propos, je vous soumets l'extrait suivant :

"L'étude du passé nous permet (...) d'éviter un piège courant, celui de la nostalgie. La France serait en déclin, entend-on souvent, sa grandeur est passée. Avant, c'était mieux. "Avant" ? Mais quand exactement ? Tentez une expérience simple (...) et cherchez une seule époque de notre passé où vous auriez voulu vivre. Alors ? En 1910, par exemple, au temps de cette France puissante, gouvernant un quart du monde ? Préparez donc l'uniforme, dans quatre ans vous aurez à affronter l'enfer des tranchées, la guerre et ses millions de morts, merci. En 1810 ? Cette fois ce sera l'horreur des guerres napoléoniennes. En 1710 ? Admettons que cela soit tentant, pour l'infime minorité qui aura la chance de se retrouver dans l'habit chamarré d'un bel aristocrate. Et encore, pas à Versailles. En cette fin de règne de Louis XIV, la vie y était sinistre. Que dire des 90% qui se réincarneront en paysans misérables au ventre creux et au dos cassé par l'ouvrage ? On a compris le jeu. La comparaison avec le monde d'hier ne doit pas nous mener à admirer benoîtement celui d'aujourd'hui. Elle peut nous servir à en relativiser les inconvénients, cela n'est déjà pas si mal.

Le goût de l'histoire nous enseigne une autre vertu, la modestie dans le jugement. Quand on les regarde avec la distance du temps, toutes les périodes passées frappent par leur propre aveuglement. Comment les gens ont-ils pu se massacrer avec cette férocité à propos de points de théologie qui nous paraissent si vains ?, se demande-t-on en songeant aux guerres de Religion du XVIe siècle. Comment les aristocrates du XVIIIe ont-ils pu être assez bêtes pour bloquer toutes les réformes et jouer ainsi le jeu qui devait conduire à une révolution qui leur serait fatale ? Comment des peuples entiers ont-ils pu se laisser conditionner pour accepter la Première Guerre, et surtout la faire ? On comprend rarement les choses quand on les vit. Les siècles prochains auront sans doute le plus grand mal à comprendre notre aveuglement ou notre laxisme face à des problèmes  que nous ne concevons même pas. La loi est éternelle, nous n'y échapperons pas."

François Reynaert, "Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises", Fayard, 2010

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Milo Manara, "Storia dell'Umanità" (web)Milo Manara, "Storia dell'Umanità" (web)

Milo Manara, "Storia dell'Umanità" (web)

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La fête nationale : le feuilleton de l'été 1892 !

Publié le par Oxymore

Mon historien en titre, Dominique Bailly (de Feyzin, faut-il le préciser?) a déniché une nouvelle pépite que je vous livre ci-après :

Tout d’abord cet article publié quelques jours après les festivités du 14 juillet :

Il fut un temps, même rapproché, où la municipalité de Feyzin encourageait le plus possible les habitants à fêter le 14 juillet ; à ce moment, la municipalité était entièrement républicaine. M. Milliat est bien un maire républicain, mais il paraît se laisser un peu trop mener par les conservateurs, car il vient de mécontenter toute la population en interdisant par voies d’affiches et on ne sait pourquoi, la fanfare de Feyzin de jouer à la retraite, dans la soirée du 13. La fanfare de Feyzin a cependant toujours été de toutes les fêtes démocratiques.

La conduite de M. Milliat est jugée très sévèrement.

Un banquet de cinquante couverts a eu lieu le 14 juillet, et dans ce banquet, composé uniquement de républicains, plusieurs toasts ont été portés.

n°1092 p.2 du 17 juillet 1892 -  L’Echo de Lyon

La fête nationale : le feuilleton de l'été 1892 !

Début août, épisode deux ; Une lettre :

 Nous recevons de M. Milliat, maire de Feyzin, la lettre suivante :

« Attaqué directement par un article paru le 17 juillet dans votre estimable journal, j’ose espérer, Monsieur le rédacteur en chef, que vous voudrez bien m’ouvrir vos colonnes pour ma défense. Votre correspondant vous a-t-il trompé ou a-t-il été lui-même induit en erreur ? Je ne sais, mais, en tout cas, les faits ont été dénaturés. Je tiens à les rétablir.

Quelque temps avant le 14 juillet, le conseil municipal a, comme à son habitude, invité la fanfare de la commune à prêter son concours à la fête ; ce concours a été refusé. Dans ces conditions, la retraite qu’elle devait faire ne pouvait être qu’une cause de trouble. Or, comme le premier devoir d’un maire est d’éviter toute cause de désordre, j’ai pris un arrêté qui a été approuvé par la grande majorité des habitants.

Un banquet de 50 couverts a terminé la fête, dit mon accusateur anonyme ; il oublie de donner certains détails très piquants de cette petite cérémonie finale. Les dissidents, je ne puis les appeler autrement, avaient pour la circonstance une magnifique plaque de tôle, sur laquelle ils frappaient à bras raccourcis, ce qui était d’un goût douteux.

Voilà, Monsieur le rédacteur en chef, tout ce que j’ai à dire pour ma défense. Vos lecteurs jugeront. Agréez, etc. »

n°1111 p.2 du 5 août 1892 -  L’Echo de Lyon

 

S’ensuit le troisième échange : Une réponse

On nous écrit : « Je viens de lire la lettre de M. Milliat, maire de Feyzin, que vous avez publiée hier, et je vous affirme que votre correspondant ne vous a pas trompé et n’a été lui-même induit en erreur. Personne n’ignore l’alliance que M. Milliat a contractée avec les réactionnaires lors des élections municipales, dans le seul but de conserver son écharpe et de vaincre les vrais républicains qui lui étaient opposés. Au prix de quelles concessions s’est faite cette alliance, c’est ce que je ne puis dire. Les électeurs de Feyzin jugeront.

Quant à la fanfare, elle n’a pas refusé de prendre part à la fête nationale, mais, ce qui est bien différent, de jouer au banquet où se trouvaient des personnages soi-disant républicains. Et c’est pourquoi elle s’est vu interdire la rue les 13 et 14 juillet. Voilà la vérité.

Un de vos lecteurs »

n°1112 p.2 du 6 août 1892 -  L’Echo de Lyon

Et pour finir l’épilogue : Dernier mot

M. Milliat, maire de Feyzin, nous adresse la lettre suivante que notre impartialité nous fait un devoir de publier :

« Il est très aisé de mener une lâche campagne de diffamation sous le voile de l’anonymat, mais mon adversaire peut se tranquilliser, à l’avenir mon dédain seul lui répondra. La compromission dont il parle a été jugée par les électeurs et ce jugement qu’il digère si difficilement. La lettre de refus de la fanfare et mon invitation sont les preuves matérielles de ce que j’ai avancé le 5 courant, preuves que je conserve précieusement.

n° 1117 p.2 du 7 août 1892 -  L’Echo de Lyon

La fête nationale : le feuilleton de l'été 1892 !

Les deux photos sont de Monsieur Verrier (non datées, peut-être années 1925-1930?), elles m'avaient été remises par ma tante Pierrette, qui les tenait de son père (Droits réservés)

Localisations : la première photo, en descendant la route nationale ; seconde photo, à la gravière de Feyzin

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